Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs.
Avec l’énorme succès de son livre Une histoire populaire des Etats-Unis, Howard Zinn a changé le regard des Américains sur eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’histoire officielle, les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes. À la fin, Zinn disait : « Je veux qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un qui a donné aux gens des sentiments d’espoir et de pouvoir qu’ils n’avaient pas avant ».
HOWARD ZINN
Howard Zinn est né en 1922, à Brooklyn, de parents immigrés d’Europe de l’Est. Il est mort le 27 janvier 2010, laissant derrière lui de nombreux ouvrages importants dont l’incontournable Histoire populaire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours (éditions Agone). Howard Zinn a traversé le XXe siècle sans se contenter de l’observer.
Howard Zinn est un enfant de la classe ouvrière pauvre de la grande dépression. Dans les années 30, les luttes explosent partout dans le pays, la réponse est « le New Deal ». Ses copains sont des rouges qui s’engagent dans les Brigades internationales en Espagne, mais lui est trop jeune pour ça. Volontaire dans l’US Navy, le jeune lieutenant Zinn découvre la ségrégation que subissent les soldats noirs, participe au bombardement inutile de Royan. Avec Hiroshima et Nagasaki, sa vision du monde va changer : « Si l’ennemi est mauvais, nous ne sommes pas pour autant les bons », en conclut-il avant de ranger son dossier militaire après y avoir inscrit « Plus jamais ça ! ». Après la Seconde Guerre mondiale, c’est la guerre froide, « la chasse aux sorcières ». Surveillé par le F.B.I., le jeune docker syndicaliste Howard Zinn devient professeur d’histoire, grâce à la bourse du G.I Bill. réservée aux vétérans. Avec son premier poste dans un collège d’étudiantes noires du sud des États-Unis, il se retrouve au cœur de la grande révolte des droits civiques des années 1960, prolongements des luttes des abolitionnistes du siècle précédent. Il s’engage au près des étudiants dans la lutte. Dès le début, Howard Zinn se prononce contre la guerre du Vietnam. Il se lie d’amitié avec Noam Chomsky et Daniel Ellsberg, le lanceur d’alerte des Pentagon papers. Son livre Une histoire populaire des États-Unis sort au début des années 80 et va devenir un best-seller, traduit dans le monde entier et en France dans les années 2000 aux éditions Agone.